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Jean-Luc Parant
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Jean-Luc Parant est né le 10 avril 1944 à Mégrine-Coteaux près de Tunis en Tunisie. Il vit et travaille actuellement à La Giffardière en Normandie.
S’étant intitulé « fabricant de boules et de textes sur les yeux » dès la fin des années 60, comme s’il avait inventé là son propre et unique métier, JLP travaille dans le même temps l’écrit et la peinture et la sculpture. Il est reconnu pour ces deux inventions poétiques avec ses textes et ses boules, il s’agit de vision et de toucher, de jour et de nuit, d’infime et d’infini… Le vol c’est la vue, Fata Morgana, 2012
Comptes du jour et de la nuit, de l’aube et du crépuscule, Voix / Richard Meier, 2011 L’Aveuglement des yeux, Derrière la Salle de Bains, 2011 Dix autres chants pour continuer de tourner en rond, La Différence, 2011 Nos yeux sont intacts (illustrations de Titi Parant), Mona Lisait Books Factory collection, 2011 La Traversée du feu (illustrations de Titi Parant), Virgile Legrand éditions, 2011 Des yeux de Dieu, Fata Morgana, 2011 Manger des yeux (catalogue), Conservatoire de l’Agriculture, Chartres, 2010 Jean-Luc Parant (catalogue), Musée éphémère du Château de la Roche-Guyon, 2010 Le Bout des Bordes n°11-14, Actes Sud, 2010 Nuit des temps (catalogue), Château de Saint-Privat d’Allier, 2010 Le Je des yeux, Atelier La Feugraie, 2010 Mes yeux aveugles, Zéro l’infini, 2009 Les yeux ouverts les yeux fermés, Dilecta, 2009 Le sexe des yeux, Ragage, 2009 L’Évasion du regard (collectif autour de JLP), Médiathèque Voyelles, Charleville-Mézières, 2009 Le Ventre des animaux, La Regondie, 2008 Mirador de nos yeux, Rencontres, 2008 Les yeux aveugles, Ici poésie, 2008 Nous ne voyons pas nos yeux comme nous ne voyons pas le soleil la nuit, La Cave Littéraire, 2008 Des yeux pour changer le monde III, Vent de terre, 2008 176 hiéroglyphes déchiffrés sur les voûtes étoilées du ciel, Al Dante, 2008 Le regard à l’œuvre, revue Lisières n°24 consacrée à JLP, 2008 La femme et l’homme – L’homme et la femme, Alain-Lucien Benoît, 2008 Ouvrir les yeux jusqu’à ouvrir des milliers d’yeux, Voix /Richard Meier, 2008 Des yeux pour changer le monde II, Edizioni Roberto Peccolo, Livourne, 2008 Le Fou parle, Marcel le Poney, 2008 Du pareil au même (catalogue), Le Cahier du refuge n°165, CIPMarseille, 2008 Toi qui as ouvert les yeux, Dernier Télégramme, 2008 Des yeux pour changer le monde I, Croatian PEN Center, 2007 Deux ronds comme deux yeux, Deyrolle éditeur, 2007 Jean-Luc Parant (catalogue), Edizioni Roberto Peccolo, Livourne, 2007 Manifeste pour une œuvre authentique, New Al Dante, 2007 Histoire d’yeux et de mains (tiré à part), « Les Nouvelles de l’estampe », Bibliothèque Nationale, Paris, 2007 Le soleil dans notre corps, Le Temps volé, 2007 De l’infime à l’infini, et retour (monographie), Actes Sud, 2007 Nous voyons l’univers, La Regondie, 2006 Les Yeux sans mesure, Fata Morgana, 2006 Carnet, éditions Virgile, 2006 Les yeux LII (catalogue), Cumav, Chapelle Saint-Savinien de Melle, 2006 Traité de physique parantale (texte de Jean-Louis Giovannoni), Jean-Michel Place éditeur, 2006 Les Bibliothèques idéales de JLP (catalogue), Musée d’Art moderne et contemporain de Strasbourg, 2006 Nuits Dorées, École des Arts décoratifs de Strasbourg, 2006 Les Yeux quatre – L’Envolement des yeux, José Corti, 2006 Dix nouveaux chants pour tourner en rond, La Différence, 2006 Les Yeux déployés (catalogue), Musée départemental de l’Oise, 2006 Mes yeux se sont ouverts devant toi, Al Dante, 2006 Les Yeux nouveaux, Lettres Vives, 2005 Portraits de boules, Galerie Porte-Avion, 2005 Le territoire des boules de Jean-Luc Parant au musée de l’Ardenne (catalogue, texte de Kristell Loquet), Musée de l’Ardenne de Charleville-Mézières, 2005 Nos yeux, Ragage éditeur, 2005 Animaux, le dos et la face des animaux (catalogue), éditions du Rouergue, 2005 Le Bout des Bordes n°9/10, Al Dante, 2005 Jean-Luc Parant, Imprimeur de sa propre matière et de sa propre pensée (collectif autour de JLP sous la direction de François-Marie Deyrolle), José Corti, 2004 Éboulement deux (catalogue), Musée d’Art Contemporain de Lyon, 2004 Le Livre des yeux, Dumerchez, 2004 Le petit JLP illustré, Fage, 2004 La vie vaut la peine d’être visage (avec Céline Masson), Encre Marine, 2004 Une terre pour tous, un soleil pour chacun, Dumerchez 2004 Compte des mille et une boules, Instantané n°49, Frac des Pays de la Loire, 2004 À Boulevue, Joca Seria, 2004 Comme si le cillement des yeux, collection "Ikko", éditions le corridor bleu, 2003 Les yeux trois – Le Déplacement des yeux, José Corti, 2003 Les yeux deux – L’Accouplement des yeux, José Corti, 2003 Le Bout des Bordes n°7/8, Al Dante, 2003 Les yeux au monde, Fata Morgana, 2003 Rimbaud et son double (avec Kristell Loquet), Domaine départemental de Chamarande, 2003 Les yeux – L’Envahissement des yeux, José Corti, 2002 Le moindre pas de nos yeux ou Lumière sur Alberto Giacometti, éditions Complicités, 2002 L’Isolement des images, éditions de l’œil, 2002 De l’œil du corps au feu de l’univers, Bibliothèque du Lion, 2002 Rimbaud ailé, éditions du musée bibliothèque Arthur Rimbaud, Charleville-Mézières, 2002 Les yeux ouverts (avec Titi Parant), éditions Rencontres, 2002 Les yeux de Clara, éditions de l'œil, 2002 Douze mille six cent quatre-vingt quatre petites boules, Del Arco, 2002 Jean-Luc Parant : La matière du regard (catalogue), Espace Écureuil, Toulouse, 2002 Le ciel, son soleil et la terre (avec Titi Parant et J.-M. Marchetti), AEncrages & Co, 2002 Les yeux femelles et les mains mâles, Alain-Lucien Benoît, 2002 En échange, École Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Paris, 2001 De si près aveuglément, Mémo, 2001 Le Voyage des yeux (catalogue), Chapelle du Genêteil, 2001 Les animaux, le retour, Fata Morgana, 2001 À la trace des yeux, Voix / Richard Meier, 2001 L'œil né (avec Titi Parant), Fata Morgana, 2001 Le Grand Livre de Jean-Luc Parant (monographie), La Différence, 2000 Éclats (catalogue), Galerie de France, Paris, 2000 Les yeux, les textes (catalogue), Le Cahier du refuge n°82, CIPMarseille, 2000 Les mains, les boules (catalogue), Le Cahier du refuge n°81, CIPMarseille, 1999 Neuf paysages neufs, Le Grand Os, 1999 Les yeux les boules, les boules les yeux (catalogue), Réunion des Musées Nationaux, 1999 Les yeux encore, La conscience du vilebrequin, 1999 Autoportrait, La Différence, 1999 Et je fais des boules, Jannink, 1998 De l'apparition à la disparition, Aiou, 1997 Titi mon amour, L'équipement de la pensée, 1996 Éboulement (catalogue), Musée d'Art contemporain de Lyon, 1996 Les frontières de l'insaisissable, Spectres familiers, CIPMarseille, 1994 Dix chants pour tourner en rond, La Différence, 1994 Vues de boules, vues de couples, École d’art du Havre, 1994 Avec la nuit dans les mains (avec Titi Parant), École d’art du Havre, 1994 Dessins d’yeux, Voix / Richard Meier, 1993 Les machines à voir LXXXII DCCLVIII, La Différence, 1993 L’Ébullition (catalogue), Galerie Bernard Cats, Bruxelles, 1992 Polyptyques et éboulements (catalogue), Galerie Montaigne, Paris, 1991 Les animaux, les enfants, les femmes et les hommes, La Différence, 1991 Oiseau, Les éditeurs évidant, 1990 Nuit, Les éditeurs évidant, 1990 Les yeux goinfres, Voix / Richard Meier, 1990 Wie Eine Kleine Erde, Blind (traduction Martin Ziegler), Stuttgart, Legueil, 1990 De couple en boule, Fata Morgana, 1990 Le vertige, Créaphis, 1990 Le voyage immobile, Créaphis, 1990 Le bouleversement, La Différence, 1990 Entre la fente de la bouche et le sexe, Indifférences, 1988 L'adieu aux animaux, Christian Bourgois, 1988 Le génie des yeux, Les écrits des forges, Québec, 1988 La face et le profil, Lettres vives, 1988 La main gauche et la main droite, Gris banal, 1988 La femme, l'homme et les animaux (avec Titi Parant), Encrage, Artothèque de Limoges, 1987 Au temps des boules, Voix / Richard Meier, 1987 Parant & Co (catalogue, avec Titi Parant), Pascal de Sarthe Gallery, San Francisco, 1987 100.001 boules (catalogue), Castor Astral / Paris-Musées, 1985 Le chant des yeux, Tribu, 1984 Les xuey, Ecbolade, 1984 Le voyage des yeux, Carte Blanche, 1984 Toi, tu marcheras devant (avec Claude Margat), Collection Apsara, 1984 Le hasard des yeux ou la main de la providence, L'Originel, 1983 Comme une petite terre aveugle, Lettres vives, 1983 Le Bout des Bordes au Havre (catalogue), éditions du Musée du Havre, 1982 La couleur des mains, Aencrage & C, 1981 La couleur des yeux, Aencrage & C, 1980 Jeux de boules (avec M. Butor et A. Villers), 1980 L'opéra des yeux (musique de M. Goldmann), France Musique, France Culture, 1980 Le mot boules, Fata Morgana, 1980 Le mot yeux, Fata Morgana, 1980 Le Bout des Bordes n°5/6, Obliques, 1980 Les trous du corps, Parisod, 1980 Lire les yeux, Les cahiers des brisants, 1979 Quinze photographies de la boule CLXXVIII (photos d’Annick Le Sidaner), J. Froidefond éditeur, 1978 Comment toucher mes boules, Les petits classiques du grand pirate, 1978 Les Yeux DXVIII, Ed Vrac's n°9, 1978 Les yeux de la violence, Céeditions, supplément à la revue Cée n°6, 1978 Les yeux du rêve, Christian Bourgois, 1978 Les yeux CXIV, Francois Norguet / Pages sans titre, 1978 Le Bout des Bordes n°4, Christian Bourgois, 1978 La joie des yeux, Christian Bourgois, 1977 Les xueyetêterret – Recette pour faire des boules, Atelier des Grames, 1977 Le Bout des Bordes n°3, chez l’auteur, 1977 Des yeux du sexe au sexe des yeux, avec J.-P. Héraud, 1977 Les Yeux CIIICXXV, Fata Morgana, 1976, Les yeux CCCXCVIII, supplément à la revue Impasses n°4, 1976 Le Bout des Bordes n°2, chez l’auteur, 1976 Histoire de comptes (avec Théodore Babou), collection Génération, 1976 Les Yeux MMDVI, Christian Bourgois, 1976 Le Bout des Bordes n°1, chez l’auteur, 1975 La boule invisible, Encres vives, 1975 Les yeux CCLXXXVI, Atelier de l'Agneau, 1975 351 560 petites boules les yeux ouverts et les yeux fermés, Théâtre Oblique, 1975 L'Yeux dit autour de JL Parant, revue Succion, Toulouse, 1975 Les boules intouchables, Encres vives, 1973 remue.net
Pascal Gibourg L’œuvre de Jean-Luc Parant est prolixe, abondante. Il suffit de jeter un œil sur sa bibliographie pour s’en assurer. On dit souvent qu’un auteur écrit toujours le même livre. C’est plus ou moins vrai. L’exemple de Parant vérifie l’adage. Le retour de quelques motifs obsessionnels - les yeux, les boules ; le toucher, la vue -, ainsi qu’une poétique singulière se renouvelant dans la répétition caractérisent son art, presque un art brut de l’écriture (il sculpte également), si l’on veut bien désigner par là une pratique en proie à une démesure confinant à la folie, une folie domestiquée dans son cas, où maîtrise et excès, décision et impouvoir, n’en finissent pas de vider leur querelle. La phrase est ample, les relatives nombreuses ainsi que les hypothèses ( si... c’est parce que...) qui servent de tremplins à des syllogismes tantôt évidents, tantôt obscurs, semblant davantage relever de visions ou d’hallucinations que d’un exercice de la raison. Chez Parant, l’image est le support de la réflexion, laquelle bute d’emblée sur une évidence : les yeux ne se voient pas eux-mêmes, ils ne voient pas la vue. C’est la même chose avec le langage, il ne domine pas le pouvoir des mots dont il fait usage. Mais loin de s’en trouver affaiblie, c’est de cette impuissance que la vue tire sa force, son infatigable ténacité. De même l’écriture qui s’évertue à décrire l’exercice de la vision, et ce jusqu’au vertige. Paradoxes et jeux des contraires pullulent dans cette œuvre où l’obscurité seconde la lumière, l’invisible le visible. Dans son dernier livre, Les Très Hauts, Parant en appelle à la forme la plus consacrée de la transcendance - Dieu. Peut-être cherche-t-il par là à contenir l’informe, à donner forme à la démesure, à moins qu’il ne se cherche un Interlocuteur, une clé pour ouvrir l’infini, ou plus pragmatiquement un moteur poétique. Le nom de Dieu circule au sein du poème comme au sein d’une litanie visant la transe ou l’envoûtement, un état hypnotique où le corps se dématérialise tandis que le sens s’incarne dans un complexe de sensations diffuses. On dirait que les facultés - essentiellement voir, toucher, penser -, se limitent les unes les autres, à moins qu’elles ne s’entraident, se fondent les unes dans les autres, comme si le corps faisait l’objet d’une perpétuel réagencement :
L’une des raisons pour lesquelles l’œuvre de Parant est à ce point répétitive, ou plus exactement inchoative (elle ne cesse d’exprimer ce qui commence, ce qui va naître), c’est qu’elle semble toujours inquiète de rejouer l’origine, de remettre en scène l’instant primordial (genèse),le début mais aussi la fin - le changement ? -, la négation suivant de très près l’affirmation. De là son caractère exorbité, son anomalie, son excentricité. Aussi privilégie-t-il le présent, seul temps en accord avec la naissance de l’écriture comme de tout phénomène. Il use aussi du « nous » pour mieux affirmer la dissolution du « je » dans un grand Tout qui le dépasse de toute part et l’emporte, atome, particule... C’est sans doute au nom d’une croyance en Dieu (en dépit du pluriel du titre qui renverrait plutôt à des sommets, à des hauteurs inexplorées) qu’il en appelle à une forme d’appartenance générique (un « nous » incantatoire), celle qui ferait de tout être humain le membre d’une espèce, l’espèce humaine en l’occurrence, que l’auteur prend soin de distinguer de l’espèce animale (c’est un monde où Dieu cohabite avec les hommes et les animaux).
Pascal Gibourg - 11 mai 2012
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