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Jude Stéfan
Aux éditions Argol
Jude Stéfan Les Commourants Ménippées Écrire, mai 68, (collectif) Écrire, pourquoi ? (collectif) Face (s) (collectif) |
Jude Stéfan poète et nouvelliste est né à Pont-Audemer le 1er juillet 1930. Il a reçu en 1999 le grand Prix de poésie. Professeur de lettres classiques à la retraite, il a publié une quarantaine de livres (recueils de poésie ou de nouvelles, ou autres textes) aux éditions Gallimard, Champ Vallon et Le temps qu'il fait. Il collabore régulièrement à la N.R.F, à « L'Infini » et à des revues littéraires et de poésie. Cyprès, poèmes, Gallimard, 1967
Libères, poèmes, Gallimard, 1970 Idylles & Cippes, poèmes, Gallimard, 1973 Vie de mon frère, nouvelles, Gallimard, 1973 La Crevaison, nouvelles, Gallimard, 1976 Aux chiens du soir, poèmes, Gallimard, 1979 Suites slaves, poèmes longs, Ryôan-ji, 1983 Lettres tombales, Le Temps qu’il fait, 1983 Laures, poèmes, Gallimard, 1984 Les Accidents, nouvelles, Ryôan-ji, 1984 Gnomiques, Le Temps qu’il fait, 1985 Les États du corps, nouvelles, Champ Vallon, 1986 Faux journal, Le Temps qu’il fait, 1986 Alme Diane, poèmes, Le Temps qu’il fait, 1986 Dialogues avec la soeur, nouvelles, Champ Vallon, 1987 Dialogue avec Figures, Champ Vallon, 1988 Litanies du scribe, Le Temps qu’il fait, 1988 À la vieille Parque, poèmes, Gallimard, 1989 De Catulle, essai, Le Temps qu’il fait, 1990 Stances, poèmes, Le Temps qu’il fait, 1991 La Fête de la patronne, nouvelles, Champ Vallon, 1991 Xénies, essai, Gallimard, 1992 Scolies, notes, Le Temps qu’il fait, 1992 Élégiades, poèmes, Gallimard, 1993 Épitomé, notes, Le Temps qu’il fait, 1993 Le Nouvelliste (Nouvelles ou Variations IV), Champ Vallon, 1993 Senilia, diurnal, Le Temps qu’il fait, 1994 Prosopées, poèmes, Gallimard, 1995 Scènes dernières (« Histoires de Vie-Mort » ou Variations V), Champ Vallon, 1995 Variété VI, essai, Le Temps qu’il fait, 1995 Critiques catoniques, La Table ronde, 1996 Povrésies ou 65 poèmes autant d’années, Gallimard, 1997 Silles (journal de lettres), Le Temps qu’il fait, 1997 Vie de saint (Variations VI), Champ Vallon, 1998 Épodes ou Poèmes de la désuétude, Gallimard, 1999 Variété VII, essai, Le Temps qu’il fait, 1999 25 lettres d’alphabet, Caedere, 2000 Génitifs, poèmes, Gallimard, 2001 Litanies du scribe, Caedere, 2001 Lettre à une morte, L’Instant perpétuel, 2002 La Muse Province (76 proses en poèmes), Gallimard, 2002 Oraisons funestes, Champ Vallon, 2003 Le Sillographe, Champ Vallon, 2004 L’Anti-pédagogue, tirage limité, 2003 Les Stéfan, L’Instant perpétuel, 2004 Caprices, Gallimard, 2004 L’Angliciste, Champ Vallon, 2005 Jude Stéfan, rencontre avec Tristan Hordé, Argol éditions, 2005 Écrire, pourquoi ?, ouvrage collectif, Argol éditions, 2005 Désespérance, déposition, Gallimard, 2006 FACE[S], ouvrage collectif, Argol éditions, 2007 Grains & Issues, Ligne d’ombre, 2008 L’Idiot de village, nouvelles, Champ Vallon, 2008 Écrire, Mai 68, ouvrage collectif, Argol éditions, 2008 Les Commourants, poème, Argol éditions, 2008 Pandectes (ou le Neveu de Bayle), Gallimard, 2008 Que ne suis-je Catulle, poèmes, Gallimard, 2010 Ménippées, de Jude Stéfan (par Jean-Pascal Dubost) sur PoezibaoHelléniste et latiniste, Jude Stéfan n’a pas choisi de référer aux célèbres Satyres Ménippées qui parurent à la fin du 16e siècle, sévère libelle collectif fait de satires « pleines de brocards salez et de gausseries saulpoudrées de bons mots, pour rire et pour mettre aux champs les hommes vitieux de son temps », selon l’éditeur d’alors, visant la manière dont la Ligue voulait faire élire au trône de France un roi catholique, Jude Stéfan sans doute et plutôt réfère aux Saturae Menippeae du philosophe Varron (Marcus Terrentius Varro, 116-27 av. J.C.), composées de 150 livres et dont il ne subsiste que des fragments, satires qui, mêlant vers et prose, traitaient sur le mode comique de sujets relevant de la science, de la morale, de la philosophie ; lequel Varron reprit l’idée d’un philosophe grec cynique, Ménippe de Gadara (4e ou 3e siècle av. J.C.) auteur de satires au ton comique sur des sujets de son temps. Les sources sont par ici, probablement. Jude Stéfan n’adopte point le ton comique, mais celui mordant du chien cynique, si on peut se permettre une tautologie étymologique, en abordant toutes sortes de sujets, littéraires, moraux, autobiographiques, politiques, mêlant également vers et prose (mélange que signale le sous-titre), approchant maintes fois l’aphorisme pointu (« Relation. Dit-on à quelqu’un qu’il est “comme tout le monde”, on le blesse. Et pourtant c’est ce qu’il prétend, en toute modestie »), voire éminemment, et souvent, cynique (« Il n’est de plaisir pur que dans l’égoïsme »). Le rythme de l’ouvrage repose sur la variété, car on y lit aussi bien des définitions stéfaniennes, des litanies, des anti-poèmes, des épigrammes, des citations, comme il le fait souvent, et fort élégamment dans le pessimisme fondamental qui arde son écriture : Jude Stéfan cultive la joie suprême de l’inconvénient d’être né (« Si le mieux est de n’être pas né, c’est donc que nous sommes dans le Pire »), c’est un penseur macabre (« Se réveiller mort ») au (dé)goût raffiné de soi : un dandy cynique, dandy de la Vanité (littéraire) portant en lui et sur le faix du sublime désespoir une haute idée de la beauté, un dandy qui aime à prendre à contrepied les pensées convenues du temps : « Sur ce beau mot de burka. En quoi le port de la burka porte-t-il atteinte à la dignité de la femme ? […] “ Toute la dignité de l’homme est dans la pensée”, nulle part ailleurs, non dans un fictif apparat, ni les oripeaux dont il cache diversement sa nudité de naissance » (nous laissons au lecteur le soin d’aller lire le développement de l’argument au cœur du livre). On jugerait Jude Stefan atrabilaire quand il faut le considérer comme un Jouisseur Sombre giclant dans ses livres non pas de la bile noire mais de la sève noire, « Pecca fortiter, “jouis à fond” »1, écrit-il. Son goût pour l’acmé l’amènera à clore l’ouvrage avec cette élégance des désespérés : « Le dégoût d’avoir écrit l’aura emporté sur le plaisir d’écrire. » [Jean-Pascal Dubost] |